Portrait de Christophe Tapia, associé fondateur de Sunny AM

Un financier atypique à l’APECI

S’il rappelle volontiers ses origines modestes et ses courtes études, n’y voyez aucun misérabilisme. Il s’agit seulement pour Christophe Tapia d’expliquer son côté atypique dans le milieu de la finance, auquel il n’était nullement prédestiné. Cette nature énergique dotée d’une solide bosse du commerce fera ses premières armes dans le rude labeur de la vente de photocopieurs et de machines à affranchir où il excellera. Son sens du risque le conduit assez vite du commerce à l’entrepreneuriat, dans l’univers des jeux lasers pour enfants.

Le hasard des rencontres

Christophe Tapia croit au hasard des rencontres et c’est pour une bonne raison. Dans un cadre amical, il rencontre Marc Tournier et c’est en effet le dirigeant de Tocqueville Finance qui l’invitera à rejoindre l’univers feutré de la finance, en 2002, en le recrutant pour commercialiser les fonds de la jeune maison. « Au début, je n’y comprenais rien, mais Marc souhaitait précisément quelqu’un qui ne soit pas du sérail », se souvient celui qui deviendra directeur général adjoint de l’entreprise et verra les encours sous gestion passer de quelque 800 millions de francs à... 5.7 milliards d’euros. .

Une petite entreprise née en pleine crise

Toujours habité par son virus entrepreneurial, Christophe Tapia voit l’occasion d’être maître chez lui lorsque Tocqueville Finance passe dans le giron de la Banque Postale. Dès la fin de l’année 2008, il porte la société Sunny AM sur les fonts baptismaux de l’Autorité de marchés financiers, avec pour ambition de devenir un spécialiste de la gestion obligataire et de fournir aux investisseurs des solutions alternatives aux fonds en euros des assureurs.

Le premier fonds ne verra le jour qu’en mars 2011, après des débuts évidemment compliqués par la conjoncture, mais Christophe Tapia a une force : sa conviction qu’il faut parfois savoir « reculer pour avancer ». Et si Sunny AM est « sa » maison, il préfère souvent dire « nous » plutôt que « je » et confie son intérêt à la réussite sociale des autres. « J’ai eu la chance qu’on me fasse confiance tôt et je veux la rendre », résume-t-il. Jacques Cadenat, recruté comme directeur de la gestion, est une autre pièce maitresse de Sunny AM. « Je cherchais quelqu’un ayant l’expérience de gestion d’un fonds en euros et de la gestion obligataire », explique Christophe Tapia. Au final, il a trouvé un alter ego.

Le goût de la rencontre

Sa différence à lui, il continue de la cultiver en gérant sa société avec bon sens et intuition plutôt que de manière froidement calculatrice. Pour Sunny AM, qui gère aujourd’hui quelque 650 millions d’euros, adhérer à l’APECI est somme toute assez naturel. Car son dirigeant est fermement convaincu des vertus des rencontres, capables de produire des conséquences bien éloignées de ce qu’on en attendait. Ce qui lui plaît dans l’association ? « Elle rassemble des professionnels aguerris et cultive la volonté d’élever le niveau de la discussion, de se confronter à de nouveaux enjeux », résume-t-il. Et pour lui, arrivé « par hasard » dans la finance, c’est aussi l’occasion, finalement, de côtoyer des gens très différents.